L’empereur Zhao Guangyi, deuxième de la dynastie Song, possédait un tableau aux vertus étonnantes.
La scène représentée était très simple : un buffle broutant devant son étable.
Mais, la nuit venue, le tableau se métamorphosait. La scène n’était alors plus la même. Le buffle était rentré dans l’étable.
Sage est le buffle qui retourne pour la nuit dans son étable !
Grand est l’empereur qui peut mettre sous le regard de ses sujets, en un tableau vivant, l’évidence naturelle de cette sagesse !
*
Le moine Tsan-Ning a livré le secret du tableau.
Le peintre qui avait peint le tableau pour l’empereur avait employé deux peintures différentes. Pour la scène diurne, il avait concocté un pigment avec la poussière d’une roche qu’un volcan avait rejeté dans la mer. Pour la scène nocturne, il avait incorporé à sa peinture de la poudre de coquille d’huître perlière.
La matière colorante à base de poussière volcanique disparaissait dans l’obscurité de la nuit tandis que le phosphore contenu dans la coquille d’huître restituait la lumière emmagasinée durant le jour.
*
La luminescence est un phénomène qui nous semble magique.
C’est en fait notre savoir qui comprend mal ce que c’est que voir.
*
Si nous voyons le monde, c’est parce que toute matière en ce monde rayonne.
Lorsque nous croyons voir un objet, c’est parce que nos yeux captent alors une infime part des rayonnements que cet objet émet ou réémet après avoir lui-même reçu d’autres rayonnements qu’il aura peut-être en partie absorbés.
*
La phosphorescence est fascinante parce que la réémission de lumière est différée.
La fluorescence est mystérieuse parce qu’elle est la réémission visible de rayonnements que nos yeux n’auraient pas pu percevoir.
Il se produit au cœur de la matière des transferts d’énergie que nous ne pouvons pas voir.