Il bricole le mot à partir de la langue latine.
Lumia, selon Thomas Wilfred, désigne l’art de la lumière.
Toute forme d’art qui utilise la lumière.
Wilfred est un sculpteur de lumière.
Le père de l’art cinétique et du veejaying.
À quatorze ans, le jeune Richard Edgar Løvstrøm – qui est encore citoyen danois – nourrit déjà le rêve d’un art de la lumière silencieux et indépendant.
Lumière et silence.
Il conçoit la lumière comme un rayonnement silencieux. Une onde inaudible.
Une sorte de prolongement du son.
Richard Edgar Løvstrøm chante et joue du luth mais rêve d’un instrument silencieux qui joue de la lumière.
Ses premières expérimentations commencent en mai 1905 à Copenhague.
Avec une boîte à cigares, une petite lampe à incandescence et quelques morceaux de verre coloré.
Il a 16 ans. Il accumule les essais de toutes sortes.
Pour financer ses recherches expérimentales sur la lumière, il se mue en chanteur populaire.
En 1914, il est gratifié d’une commande royale pour chanter à la Cour d’Angleterre.
Il chante pour engranger de l’argent, expérimente jusqu’à être fauché, puis recommence.
Mais la guerre bouleverse ses plans. En 1916, il migre aux États-Unis et prend le nom de Thomas Wilfred.
Finalement, il abandonne le chant et consacre tout son temps à la construction d’un instrument avec lequel il pourrait concrétiser son rêve d’adolescence. Vers la fin de 1921, celui-ci est enfin prêt. Il le nomme Clavilux.
D’innombrables compositions visuelles habitent Thomas Wilfred depuis longtemps. Mais il doit apprendre à les jouer, à développer une technique sur un instrument qui, au début, s’avère n’être pas aussi flexible qu’il le souhaite.
Enfin, le 10 Janvier 1922, il joue son premier concert de lumière au Neighborhood Playhouse de New York. Il se souvient d’une soirée aussi intense que merveilleuse.
Il faut voir les œuvres de Thomas Wilfred.
Il en existe encore 35.
Interprétables sur le Clavilux.
Ce sont des compositions de lumière, de couleurs et de formes mouvantes qui se déploient lentement dans le temps.
Chaque partition entrelace des rayonnements lumineux qui jouent par filtrage ou superposition et ne cessent de se mouvoir, composant et décomposant constamment des formes colorées aussi mobiles que fugaces.
Elles sont d’une beauté exquise.
Elles fascinent le regard.
Thomas Wilfred, le sculpteur de lumière, dit :
La lumière est le seul moyen d’expression de l’artiste. Il doit la modeler par des moyens optiques, quasiment comme le sculpteur modèle l’argile. Il doit ajouter de la couleur, et enfin le mouvement à sa création. Le mouvement – la dimension du temps – exige qu’il soit un chorégraphe dans l’espace.